jeudi 11 novembre 2010

A quoi reconnait-on les vrais savants ?

Peut-on faire la différence entre un vrai savant et un faux savant en examinant son parcours d'étudiant : où il a acquis son savoir ? auprès de quels maîtres ? en combien d'années ? à quelle(s) université(s) ? Quels diplômes a-t-il ?...

Beaucoup de gens - y compris beaucoup de musulmans - croient que le savoir, et le savant, sont repérables grâce aux diplômes, et à d'autres critères du même genre.

Mais comme disait je ne sais plus qui, ne me dit combien de livres tu as lu, ni quels diplômes tu récolté, montre-moi plutôt le profit que tu as tiré de ces livres et la sagesse dont ces diplômes sont sensés être la preuve...

Je sais que c'est difficile à comprendre, ou difficile à croire, mais ni un diplôme, ni le fait d'avoir suivi les enseignements de tel ou tel, ne sont une preuve de quoi que ce soit.

Bien sûr, le savoir ne tombe pas du ciel... il faut le chercher. Mais il n'y a pas un lieu ou un parcours qui en garantisse l'acquisition. Car même avec les mêmes meilleurs maîtres du monde, et l'enseignement le plus excellent de l'univers, ce qui sera le plus déterminant, au final, c'est l'étudiant lui-même.

Je prends un exemple terre-à-terre.

Pour savoir si quelqu'un sait parler Arabe, on n'a pas besoin de savoir s'il l'a étudié avec telle ou telle méthode, s'il a suivi des cours ou s'il l'a appris tout seul avec un logiciel, s'il lui a fallu cinq ans ou vingt ans... Non, pour savoir si quelqu'un sait parler Arabe, il n'y a qu'un moyen : lui parler en Arabe et voir s'il répond dans cette langue.

En termes de savoir et de sagesse, ce ne sont pas les moyens qui comptent (comment a-t-on compris ceci ou cela, appris ceci ou cela) mais le résultat : que sait-on ? Qu'a-t-on compris ? Qu'est-on capable d'expliquer aux autres ? D'appliquer dans sa propre vie ?

On ne reconnait pas les savants à leurs diplômes... à l'université par où ils sont passés... les savants peuvent être sans diplômes, ils peuvent avoir appris dans les livres sans maître en chair et en os. D'ailleurs quelle différence ? Un auteur qu'on lit et un relit est un maître, est un enseignant. On n'a pas besoin d'entendre avec ses oreilles pour lire avec ses yeux et comprendre avec son coeur...

- J'ouvre une parenthèse. Il y a des hadiths qui suggère que la science ne s'acquière que par l'oral.
Ce sont : Le Messager de Dieu saws a dit : « Celui pour qui Dieu veut le bien, Il lui facilite l'apprentissage de la religion, certes la science de la religion est par transmission orale ». [rapporté par Al-Boukhary] Le Prophète saws a dit : « Ô gens, apprenez. Certes, la science vient par l'apprentissage et la science de la religion par transmission orale." [Rapporté par At-Tabarany]

Ceci dit, il faut peut-être remettre les choses en contexte : à l'époque du Prophète, la science de la religion ne pouvait effectivement s'apprendre que par transmission orale. Mais supposons maintenant que nous soyons à la fin des temps, que tous les grands savants soient morts, et qu'ils ne restent plus que des pseudo-savants : la seule solution pour apprendre la science serait alors de passer par les livres.

Je ne dis pas que nous sommes dans cette situation, quoi qu'on n'en est peut-être pas loin, mais il devrait être évident qu'un bon livre en papier vaut mieux qu'un mauvais maître en chair et en os, et que les hadiths précédents doivent être lus et compris à la lumière de cette évidence issue du pur bon sens. -

Mais alors, à quoi reconnaît-on les savants ?

On les reconnaît à leurs effets.

Si, après l'avoir lu ou entendu, vous vous sentez plus fort... plus lucide... si vous comprenez ce que vous ne compreniez pas avant... si certains de vos problèmes vous paraissent plus simples... si vous avez des réponses satisfaisantes et apaisantes à certaines de vos questions... si vous avez de nouvelles questions plus intéressantes et plus larges que celles que vous aviez avant... si votre foi est renforcée... si vous vous sentez disposé à agir... alors il y a de fortes chances que vous ayez rencontré un vrai savant.

Si, après l'avoir lu ou entendu, vous vous sentez plus confus, plus embrouillé... ou plus dur... ou plus fragile... ou plus mou et plus découragé... ou plus agressif... si vous vous sentez étouffé, écrasé, brimé... ou si vous vous sentez grisé d'orgueil et de vanité... Si vous avez échangé vos anciennes questions contre d'autres, plus étriquées, plus mesquines... si votre foi est affaiblie... si vous vous sentez disposé à vous croiser les bras... alors il y a de fortes chances que vous ayez rencontré un faux savant.

Pour apprendre à distinguer les vrais savants des faux, il faut donc se mettre à l'écoute de soi-même lorsqu'on les écoute ou qu'on les lit. Et se poser sans relâche les questions suivantes :

Ce que je suis en train de lire, est-ce logique ?
Y a-t-il une faille quelque part, et si oui, où ?
Ce que je lis, ça mène où ?
Si je crois à ce que je suis en train de lire, à quoi suis-je conduit à croire d'autre ?

Est-ce cohérent avec le Coran ?
Est-ce cohérent avec la Sounna ?
Est-ce que ça me permet de mieux comprendre le Coran ?
De mieux comprendre la Sounna ?

Est-ce que l'auteur me méprise, moi le lecteur, ou me respecte ?
(Un auteur méprisant n'est pas une bonne fréquentation, quelle que soit son érudition.)
Est-ce que l'auteur respecte mon intelligence de lecteur, ou fait-il passer implicitement le message "CROYEZ-MOI  SANS REFLECHIR, FAUT PAS REFLECHIR" ? 

1 commentaire:

  1. Salam,

    Très intéressant ce que tu as écrits, c'est vrai que aujourd'hui il y a malheureusement des personnes qui se prétendent "savant fiable", hors ils mettent en danger l'islam. Il y a même des personnes fraîchement converties à l'islam, qui les suivent aveuglement, en pensant qu'ils sont dans le bon chemin. Du'a' pour mes frères et mes soeurs musulmans : incha'Allah que Dieu nous guide dans le bon et droit chemin, et nous écarte des chemins épineux, broussailleux de l'ignorance et de la mécréance. Amine.

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