mercredi 10 novembre 2010

Appliquer le savoir-vivre islamique quand on critique un musulman

Je suis étonnée (enfin, ça va me passer) de voir de quelle manière des musulmans et des musulmanes critiquent d'autres musulmans et musulmanes... C'est très souvent violent, agressif - voire haineux. Et surtout, c'est nominatif.

Le Prophète, sur lui la grâce et la paix, faisait des critiques générales : il s'attaquait à des comportements, à des paroles, à des idées, pas à des personnes.

Il disait : "Il y a des gens parmi vous qui disent ceci... qui font cela..." et les personnes concernées se reconnaissaient sans se sentir humilié, sans être montrées du doigt en public.

Aujourd'hui, c'est exactement l'inverse. Les musulmans (enfin, ceux qui s'adonnent à ce genre de sport) montrent du doigt des personnes, pas des comportements.

Ils vont dire : "Untel est un charlatan ! Untel est un ignorant ! Untel est un mécréant ! (en parlant d'un musulman) Untel est sorti de la Sunna ! Untel est dangereux ! Untel est fou ! Untel est douteux ! Untel est un égaré ! Untel ne connaît rien à rien ! Untel prend plaisir à parader à la télé ! Untel a fait de la prison ! Untel est passé à l'hôpital psychiatrique ! Untel est un plagiaire !"

Ce qui serait constructif, ce serait de supprimer les noms, de préciser les comportements que l'on juge illicite ou dangereux, et de dire comme le Prophète, sur lui la grâce et la paix : "Il y en a qui font ceci... qui disent cela... et pour telle ou telle raison, ce n'est pas bon."

Il ne suffit pas de se croire dans son bon droit pour avoir tous les droits... Il y a des règles à respecter, des principes à suivre. La critique n'est pas un jeu de massacre, ni un défoulement pour les nerfs. Ou du moins, elle ne devrait pas l'être...

D'une manière générale, il est toujours plus difficile de critiquer des idées et des comportements (en argumentant) que de coller des étiquettes. Mais c'est aussi beaucoup plus constructif.

Les étiquettes ne devraient être utilisées qu'à la dernière extrémité... actuellement, les musulmans les collent sans état d'âme sur n'importe qui, n'importe comment.

Il y a pourtant beaucoup de versets et de hadiths sur la médisance et la calomnie... alors pourquoi risquer de tomber dans des péchés aussi graves ? Alors que, pour se mettre en sécurité, il suffit de supprimer les noms ?

Si vous n'aimez pas Tariq Ramadan ou Harun Yayha ou Muhamad Al-Gazâli (etc.), rien ne vous empêche de critiquer leurs idées ou leurs comportements sans les nommer... et comme ça, si vous vous trompez, vous ne vous serez tombé ni dans la médisance, ni dans la calomnie. Vous aurez seulement fait une erreur d'appréciation, ce qui est tout de même nettement moins grave.

Mais voilà : critiquer des idées ou des comportements demande beaucoup plus de réflexion que de tamponner avec violence le nom de quelqu'un du cachet de "mécréant" ou de "charlatan" (ou de n'importe quelle autre épithète gracieuse et fleurie de ce genre).

Je sais ce que certains répondront... Qu'ils doivent nommer ceux qu'ils dénoncent, pour mettre en garde contre eux les pauvres musulmans sans cervelle qui sinon, risqueraient de tomber dans leurs filets et de succomber à leurs chants de sirène...

Toujours cet admirable souci de guider les masses ignares et stupides dans le droit chemin à coup de "PAS PAR ICI!!!" et de "SURTOUT PAS PAR LA!!!!" Ne lisez pas à droite, ne lisez pas à gauche, gardez les yeux collés sur la ligne en pointillée au milieu de l'autoroute et tout ira bien pour vous...

Oui, oui.

Il y en a qui seraient prêt à perdre leur âme (enfin, à risquer de la perdre) pour sauver celle des autres... Quel dévouement, c'est émouvant.

Et si on faisait un peu confiance aux cerveaux des gens, pour changer ?

Et si on lui de dire : "ne lisez surtout pas cet auteur", on argumentait un peu contre, pour changer ?

Et si, au lui de censurer les livres, on y répondait... on y répondait poliment ?

Un bon argument n'est pas étayé par une insulte, et un anathème ne remplacera jamais un raisonnement rationnel...

Et tiens, encore une idée :

Et si, au lieu de s'acharner sur les musulmans qui écrivent des livres, on essayait de délivrer le message de l'Islam à ceux qui ne l'ont pas encore reçu, comme le Prophète et ses compagnons l'ont fait toute leur vie ?
Juste une idée...

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