jeudi 11 novembre 2010

Les musulmans d'aujourd'hui et la peur

Il y a, bien sûr, la peur des musulmans, au sens où les médias construisent d'eux (de nous) une image caricaturale et fantasmée... L'islamophobie est une réalité.

Mais il y a aussi les peurs des musulmans, c'est-à-dire leurs craintes.

De quoi les musulmans ont-ils peur ?

Ils ont peur de dévier.

Et malheureusement, ce n'est pas la même chose que de craindre Dieu.
Pourquoi n'est-ce pas la même chose ?

D'abord, parce que la crainte de dévier présuppose qu'on est déjà parfaitement bien guidé... qu'on n'a pas besoin de chercher et trouver sa route, qu'on est déjà sur les bons rails.

Et si c'est vrai à un certain niveau (par définition, les musulmans connaissent la vérité et y croient), ce n'est pas forcément vrai à tous les niveaux. Il y a mille et une manière de s'égarer, autrement dit, il y a une mille et une manière d'être déjà égaré. Même quand on est musulman, qu'on lit le Coran et qu'on fait ses cinq prières par jour, on peut être dans l'erreur sur une multitude de sujets qui peuvent être importants.

Quand on craint Dieu, on a peur de dévier, mais tout aussi peur de ne pas être actuellement sur la bonne route : autrement dit, on ne se méfie pas seulement du nouveau, on se méfie aussi du connu.

Quand on craint de dévier, on part du principe que le seul risque que l'on court, c'est de perdre ce qu'on a - alors que peut-être, le risque que l'on court en gardant ce que l'on a et en continuant imperturbablement dans la même direction est encore plus grand... mais on n'envisage même pas cette hypothèse.

(Je ne parle pas des piliers de la foi, par définition ce sont des piliers ; je parle de sujets moins essentiels mais importants quand même.)

La peur de dévier est paralysante ; elle conduit à creuser et recreuser le même sillon sans jamais regarder à droite ou à gauche, sans jamais envisager les choses sous un autre angle.

La crainte de Dieu n'est pas paralysante - c'est elle qui nous permet, quand nous sommes fortement tentés par le Mal, d'y résister. Mais c'est aussi elle qui nous pousse à agir, quand nous serions tenté de rester immobile, parce que rester immobile, c'est plus facile...

La crainte de Dieu - et l'espoir de sa récompense - nous fait nous lever tous les matins à l'aube. Elle nous met en mouvement.

La peur de dévier conduit à dire "non" à tout ce qui est nouveau, inhabituel, différent de ce qu'on connaît déjà...

La peur de dévier n'est que le masque dont se pare notre frilosité.
Autrement dit, la peur de dévier ce n'est, au fond, rien de plus que la peur de ce qui est différent... étrange, inhabituel, pas-comme-nous, bizarre.

Les islamophobes construisent une image fantasmée des musulmans pour en faire leur Autre absolu. Et de cet Autre, ils ont peur.

Les musulmans ont aussi peur de ce qui est différent d'eux... mais ils craignent la petite différence, pas la grande. Ils craignent les-musulmans-qui-les-feraient-dévier. Et à quoi les reconnaissent-ils, ces musulmans qui-les-feraient-dévier ? Ils les reconnaissent à leur allure pas complètement familière, à leur façon de dire et de faire pas complètement copie-carbone de ce qu'ils connaissent déjà.

Nous avons tous une "zone de confort". Qui n'est pas toujours confortable, d'ailleurs. Disons une "zone familière". Dès que nous sortons de cette zone familière, dans notre cerveau notre système réticulaire sonne l'alerte et nous avons peur.

Mais pour grandir, progresser... d'une manière ou d'une autre il faut sortir de sa zone familière.

Dieu ne change pas l'état d'un peuple, tant que ce peuple ne change pas son for intérieur. (Sourate 13, verset 11) 

Qu'est-ce que le for intérieur ?
Le for intérieur est le lieu de nos croyances, de nos pensées, de nos émotions - y compris la peur.

La communauté musulmane ne connaîtra pas un meilleur sort que celui qu'elle connaît actuellement tant que les individus qui la composent (vous, moi) ne changeront pas ce qu'il y a en eux-mêmes, c'est-à-dire ne changeront pas leurs croyances, leurs pensées et leurs émotions.

Et la première chose à faire, c'est peut-être de supprimer cette peur de dévier qui rend tant de musulmans craintifs comme des lapins pour la remplacer par la crainte de Dieu, qui a rendu tant de musulman(e)s forts et courageux...


Ici, un bon article sur le verset "Dieu ne change pas l'état d'un peuple, tant que ce peuple ne change pas son for intérieur".

1 commentaire:

  1. Salamou alaykoum Cléménce

    barakallah oufik pour tes articles de développement personnel en Islam, ca manquent énormement de blog comme le tiens sur internet. Si tu en connais de bons peux tu me les communiquer.

    barakallah oufik

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