mercredi 10 novembre 2010

Que faire quand ça papote pendant le discours du vendredi en français ?

Voilà une question très concrète... et qui concerne je pense pas mal de musulmanes francophones.
Dans la mosquée de mon quartier, l'ambiance de la mosquée (côté femme) pendant le discours en français est très "salon de thé" : on se fait la bise, on distribue des dattes, et surtout, surtout, on cause.

Cette mosquée n'est pas un cas à part... La preuve, voici ce que j'ai trouvé sur le blog http://blog.jasmineandco.fr/:

"Arrivées à la mosquée, elles parlent, se racontent leurs journées. Pendant le khoutba en français, les «mamans» qui ne comprennent pas français, discutent."

Face à cette réalité-là, il y a trois possibilités :

1/ On peut persister à aller à la mosquée, et souffrir en silence, en rageant intérieurement contre les causeuses ;
2/ On peut laisser tomber, et faire la prière chez soi ;
Et... Quelle est la troisième possibilité ?... Vous devinez peut-être :
3/ On peut leur dire de se taire.

Ayant essayé les trois choix (dans cet ordre), j'aimerais vous faire part des effets qu'ils ont eu...

La première option est la pire. Car on sort de la mosquée avec le coeur plein de colère rentrée, et l'impression très désagréable d'être une victime impuissante des "autres", qu'on se met donc à détester... qu'on le veuille ou non.

La deuxième option est moins mauvaise. On prie tranquillement chez soi, on se concentre sur sa prière et pour le discours... Internet est plein de ressources.

Mais la troisième option est excellente !

Comme par hasard - il n'y a pas de hasard - c'est aussi celle qui demande le plus de courage... Pour des raisons évidentes, il est difficile de dire à un groupe de femmes qu'on ne connaît pas "taisez-vous". C'est extrêmement embarrassant. Enfin, ce qui est le plus embarrassant, c'est l'idée de le faire, car lorsqu'on l'a fait on se sent tellement... mieux.

En fait, je caricature un peu.
Je ne leur ai pas dit de se taire.
J'ai commencé par dire "chut" (pas très fort). Aucun effet.
Puis, j'ai demandé, après la prière, à la soeur responsable de la mosquée - enfin, qui avait l'air responsable - de faire taire les autres pendant le discours. Elle a dit "oui, oui" et la fois suivante, ça papotait toujours autant.
Puis j'ai dit "chut" plus fort. Un tout petit effet.
Puis, j'ai demandé à mon mari de parler à l'Imam... ce qu'il a fait.
Résultat ? Mieux, beaucoup mieux.
Mais deux semaines après, c'est reparti comme en quarante...
Puis, j'ai frappé dans mes mains pour les faire taire.
Résultat ? Moyen.
Puis, j'ai frappé dans mes mains et j'ai dit d'une voix forte : "ON ECOUTE LE DISCOURS".
Résultat ? Pas mal du tout ! Un quasi-silence.

Vous allez peut-être vous dire que ce n'était pas la peine de se donner tant de mal... et bien si, car après tout, si on n'essaye de corriger ce qui ne va pas et qui nous dérange dans nos propres mosquées, où le fera-t-on ? Et surtout, c'est très agréable de s'apercevoir que si, avec un peu de courage, on peut faire changer les choses... Suffisamment en tout cas pour que d'autres prennent courage, et disent à leur tour "chut" aux causeuses.

Tout ça peut paraître dérisoire... ça ne l'est pas. Nous sommes sensées prescrire le bien et proscrire le mal.
De toute évidence, que des soeurs discutent pendant le discours du vendredi et empêche les autres d'écouter, c'est mal. Alors qu'est-ce qu'on attend pour passer à l'action ?

Ceci dit, il m'a tout de même fallu deux ans pour m'y décider...

Mais je m'y suis décidée, et grâce à ce (petit) acte de courage, j'ai senti grandir ma confiance en moi de manière exponentielle...

Dans le droit chemin, le courage paie toujours.

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